Succès. Mon chef-d’oeuvre - la Streif (Kitzbühel).
La Streif ? C'est deux minutes de courage sur 3,3 kilomètres. La vie d'un athlète, le respect, voire la peur. Mais aussi de l'adrénaline pure, du bonheur, de l'euphorie et du soulagement quand on arrive en bas de la course entier. Concouru x fois, gagné la descente cinq fois, une fois le super-G, jamais chuté .
La première fois ? Je m’en souviens très bien : quatre des cinq premiers coureurs sont tombés - trois ont fini à l'hôpital. Je n'arrêtais pas d'entendre cet hélicoptère voler. Je ne savais pas exactement ce qui se passait. Je me suis demandé ce que je faisais là-haut alors que des coureurs de classe mondiale chutaient lourdement . Un film passait dans ma tête : Tout ce que je pouvais voir, c'était des chutes à toutes sortes d'endroits. Oui, avant ma première descente d'entraînement, j'ai failli devenir fou. J' espérais donc que la piste soit « gentille » avec moi et me suis lancé. En franchissant la ligne d'arrivée - avec près de huit secondes de retard : je me suis malgré tout senti comme un gagnant. Lors de la course, j’étais environ cinq kilomètres par heure plus rapide qu'à l'entraînement. Sur la Streif, j'avais une impression de voler et me suis classé 22ème.
Le défi ? La Streif n'offre pas beaucoup de marge de manœuvre entre le bien et le mal, entre une arrivée en bonne santé et un départ à l'hôpital. Les parties les plus extrêmes sont les 35 premières et les 35 dernières secondes de piste . Nulle part ailleurs vous n'atteignez vos limites comme cela. Une fraction de seconde d'inattention suffit et c'est la chute .
Avec cinq victoires en descente - 1998, 2008, 2010, 2011, 2012 - je suis le détenteur du record de nombre de victoires sur cette piste.
Histoire. Mes moments.
1998 Kitzbühel/AUT, Descente – Première victoire en Coupe du Monde et ceci sur la Streif. Concrétisation de cette performance en terminant le lendemain 2ème de la course originale et entière, derrière un certain Christian Ghedina.
1998 Médaille d’Argent au Super Géant des Jeux Olympiques de Nagano –Une médaille olympique glanée après avoir raté de peu celle de descente. Cette médaille a été conquise avec la fougue de la jeunesse, sans vraiment réaliser comment...
2002 Adelboden/CH, Slalom Géant – Première victoire dans ma carrière en slalom géant coupe du monde et ceci à „la maison“ devant un foule incroyable. Qui plus est, je gagne avec plus d’une seconde d’avance avec cette fameuse sensation d’être dans la «zone»
2002 Jeux Olympiques de Salt Lake City – Arrivé en favoris à ces Jeux, une sortie de piste à quelques portes de l’arrivée du super géant, avec 33 centièmes de seconde d’avance sur le futur vainqueur Kjetil André Aamodt le meilleur temps intermédiaire, ne me permettra pas d’agripper l’Or Olympique..
2006 Jeux Olympiques de Turin – Un retour de blessure chaotique et laborieux en fond de préparation à ces JO. Le point le plus profonds de ma carrière est atteint. Pas qualifié en descente, un super géant raté et une lutte pour les places d’honneurs en géant.
2009 Médaille d’Or au Super-géant des Championnats du Monde de Val’d’Isère/FRA – La veille de la course en arrivant à Val d’Isère, j’avais déjà le sourire au lèvres. De nuit et sous les projecteurs, la piste de course qui surplombait le village, était verglacée comme jamais. Elle brillait dans son entier. Après avoir préparer une paire de chaussure spécialement conçue pour cette configuration de neige glacée et ce terrain super raide, je me suis encore mis en confiance en „découpant“ la piste lors du ski libre officiel. Le lendemain, je quitte l’air d’arrivée avec 98 centièmes d’avance et une médaille d’or autour du cou. La sensation du devoir accompli et la satisfaction qui allait avec, me permis de dormir comme un „bébé“...
2010 Jeux Olympiques de Vancouver – Après avoir dominé les entrainements, j’ai fait une course, « tête à tête » jusqu’au dernier intermédiaire, avec le futur vainqueur olympique. A l’arrivée il ne me manque que 36 centièmes pour remporter l’or et je termine très déçu au 6ème rang.
2011 Kitzbühel/AUT, Descente – La Course parfaite sur la Streif. Cette 4 ème victoire en descente restera pour moi la plus aboutie. Une seconde d’avance au chronomètre y ajouta encore un peu de saveur. Là encore, j’ai eu cette sensation de ne faire qu’un avec les éléments et d’être dans la fameuse „zone“. Ce ressenti et les émotions qui ont accompagnés ce succès sont encore présent dans ma mémoire comme si c’était hier.
2011 Finale de la coupe du monde de descente à Lenzerheide/SUI – Au départ de la dernière descente de la saison, j’avais 14 points de retard sur mon rival Michael Walchhofer. Le hasard du tirage au sort de la veille nous fera partir l’un derrière l’autre et en dernier. Juste avant de m’élancer à mon tour, j’ interpréter l’ovation du publique, comme un signe de mauvaise performance de la part de « Michi ». A tort, puisque cette ovation lui était destinée en félicitation pour sa magnifique carrière. Michael Walchhofer tirait sa révérence et quittait le cirque blanc.
Nous nous livrons un tête à tête digne des plus grands polars à suspens. J’était forcé de terminer au minimum 5ème de la course si je voulais l’emporter au classement général. Ce 4ème rang me permis de ramener à la maison un 4ème globes de Cristal en descente après ceux de 2007, 2008 et 2010.
2012 Kitzbühel/AUT, Descente – 3 jours après avoir annoncé mon retrait de la compétition pour la fin de la saison, je remporte la 5ème victoire qui est synonyme de record sur la légendaire Streif et « détrône » le fameux Franz Klammer de son titre.
Histoire. Ma signature.
Le 5 janvier 2002 sur le Chuenisbärgli à Adelboden, j'ai non seulement remporté mon premier slalom géant, mais également donné naissance à mon fameux ski-flip. L'envie n'était pas vraiment de faire virevolter mon ski comme il l’a fait à ce moment-là, mais plutôt de le faire simplement glisser devant moi dans la neige. La puissance de mon coup de pied a eu l'effet d'une catapulte Un pur hasard est effectivement à l'origine de ma future signature.
Histoire. Ma manie.
Mon perfectionnisme a été un élément de base de mon succès. Pour moi, le perfectionnisme est lié à la fiabilité. Mes entraîneurs, l’entier de mon staff, ainsi que les deux préparateurs de skis qui ont accompagné ma carrière étaient comme ça aussi, aucun compromis. 100% ou pas du tout. Noir ou blanc. Cet extrême peut taper sur les nerfs de tierces personnes. Mon caractère s'est maintenant arrondi et je perçois mieux quand cela devient trop pour mon environnement. Des nuances de gris existent indéniablement.